Un moment de partage et d’échange sur les modèles d’assainissement innovants et rentables.
Du 11 au 16 février 2018 s’est tenu à Bamako le 19 ème Congrès international de l’Association Africaine de l’Eau. Plus de 1500 participants était réunis autour de la thématique « Accélérer l’accès à l’assainissement et à l’eau pour tous, face aux défis du changement climatique ».
Le congrès de l’Association Africaine de l’Eau se tient tous les deux ans, il est un forum scientifique et technique destiné à faire l’état des lieux du développement du secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’environnement en Afrique. Cette année, ce congrès a vu la forte participation du Sénégal matérialisée par la présence d’une forte délégation avec à sa tête, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Mansour Faye.
Une attention particulière a été accordée au secteur de l’assainissement notamment à l’assainissement autonome lors de ce congrès, qui apparaît comme un sous-secteur socialement accepté et économiquement rentable. Comme souligné par M. Lansana Gagny Sakho, Directeur général de l’ONAS, « à l’ère où il est prouvé que l’assainissement permet l’amélioration des conditions de vie des populations, il est primordial de ne plus continuer à faire une dichotomie entre assainissement urbain et assainissement rural, dans la mesure où toute personne quelque soit son milieu de résidence aspire à la dignité, d’où la nécessité pour nos Etats africains d’assurer la fourniture de service d’assainissement adéquat aux populations. » .
Les conclusions de l’expérience du Sénégal ont mis en exergue la nécessité de créer un environnement favorable à l’assainissement. Cet environnement propice passe par une volonté affirmée des pouvoirs publics qui se traduit par la mise en place d’un cadre institutionnel favorable à l’assainissement autonome, une vision claire des autorités traduite en action. En effet, la stratégie nationale doit être déclinée en actions concrètes à travers la mise en place de structures étatiques fortes, habilitées à gérer les questions d’assainissement avec des moyens techniques et financiers adaptés. La décentralisation est certes une bonne initiative mais les collectivités locales ne disposent pas de moyens matériels et humains, permettant la bonne gestion d’un secteur aussi stratégique que l’assainissement.
Dans un contexte où le financement des bailleurs se raréfie et où le budget étatique est insuffisant, la mobilisation de ressources domestiques pérennes devient une priorité. La création d’un environnement favorable à l’implication du secteur privé est un pilier pour l’accès à l’assainissement pour tous.
Au Sénégal, cette volonté est de plus en plus manifeste. Avec l’acte II de la décentralisation, l’assainissement n’est pas une compétence transférée aux municipalités. L’implication du secteur privé se matérialise dans tous les secteurs d’activités traduisant ainsi la volonté affichée par son Excellence Monsieur le Président de la République Macky SALL, à travers le Plan Sénégal Emergent de hisser les partenariats public-privé comme un instrument de politique économique permettant ainsi l’atteinte des Objectifs de Développement Durable dans tous les domaines.
Ce forum a mis en avant le Sénégal en tant qu’exemple dans le secteur de l’assainissement autonome. Force est de noter que la technologie avance, les contextes évoluent, d’où la nécessité de réfléchir à des solutions pérennes prenant en charge toute la chaîne de valeur assainissement. A la suite de ce congrès, l’une orientations majeures est la mise en place d’un projet de Délégation de Service de l’Assainissement Autonome (DS2A) au Sénégal qui vise une meilleure organisation de l’ensemble des acteurs de l’assainissement autonome. Ce projet vise la régulation des tarifs, mais également la mise en place d’un champ de délégation au secteur privé de la collecte à la commercialisation, garantissant une meilleure implication du secteur privé, assurant une meilleure offre de service aux populations et à terme une rentabilité du secteur de l’assainissement autonome.